Conduite Les Large-White plus sensibles à leur logement que les porcs Basques
Si l’on sait que les conditions de logement et la race influencent le bien-être et la santé des porcs en modulant l’activité comportementale, endocrinienne ou encore la fonction immunitaire, les interactions entre le génotype (race) et l’environnement sont moins prédictibles. L’Inra et l’AgroCampus de Rennes ont cherché à en savoir plus en mettant en place une étude évaluant l’effet de deux modes de logement (caillebotis ou litière) chez deux races de porcs, le Basque et le Large-White. Résultats.
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Les porcs Large-White sur caillebotis présentent bien plus d’ulcères que les Basques. (© Terre-net Média) |
« C’est ainsi que le ratio lipides/protéines corporelles à l’âge adulte a été réduit par 4 en 40 ans et que la vitesse maximale de dépôt de tissus protéiques des porcs en croissance est passé de plus de 100 g/jour à près de 250 g/jour », expliquait en février dernier Elodie Merlot (Inra/AgroCampus), à l’occasion des 42e JRP à Paris.
Mais en parallèle, les animaux ont perdu en rusticité et sont moins capables de mobiliser leurs ressources internes pour réagir à des challenges environnementaux ou infectieux. En d’autres termes, ils sont plus fragiles aux agressions (pathogène, variation brusque de la température…) et cette fragilité s’accroît d’autant plus que l’environnement, dans lequel ils évoluent, diffère de celui dans lequel ils ont été sélectionnés.
Une interaction à préciser
« Ceci suppose l’existence d’une interaction forte entre le milieu d’élevage et le génotype », poursuivait Elodie Merlot. Sauf que le monde scientifique n’a finalement que peu d’indices sur cette interaction, notamment chez le porc. « Notre objectif est donc de comparer deux races contrastées génétiquement, et en particulier leurs réactions face aux challenges de l’environnement. »
La race Large-White a été choisie comme race sélectionnée sur les performances de croissance. La race Basque a été choisie par rapport à sa rusticité (croissance lente et forte adiposité). Dans cette étude, l’effet de deux modes de logement contrastés (sol caillebotis par rapport à un sol litière avec courette extérieure) a été testé chez ces deux génotypes.
Les caillebotis plus stressants
En premier lieu, l’étude met en évidence un effet du mode de logement sur l’axe corticotrope (niveau de stress) et les statuts immunitaire et sanitaire des porcs. « Les niveaux de cortisol total circulant dans le sang n’ont pas été affectés par le mode de logement pendant la phase d’élevage et à l’abattage. » Mais chez les animaux élevés sur caillebotis, on a relevé des niveaux de cortisol salivaire notamment plus élevés lors du prélèvement en milieu d’engraissement et une semaine avant l’abattage. « Ce résultat témoigne de niveaux de stress supérieurs dans les loges sur caillebotis. »
Une conduite sur caillebotis semble également avoir un effet négatif sur « l’occurrence de pneumonies », détaillait Elodie Merlot. « Ceci est probablement lié au fait que les salles avec litière comportaient un accès extérieur et n’étaient pas chauffées. La température ambiante y était donc en moyenne plus basse que dans les salles sur caillebotis, d’autant plus que les animaux ont été abattus en saison hivernale. »
Forte dépendance génétique
Autre enseignement : le génotype a influencé la prolifération lymphocytaire, le taux d’anticorps totaux et la numération sanguine, « ce qui confirme la forte dépendance génétique de ces paramètres chez le porc ».
Concrètement, les scientifiques ont relevé moins de rhinites et d’ulcères chez les porcs Basques que chez les Large-White. « Ainsi, les races sélectionnées sur les performances de production présenteraient un taux de morbidité supérieur. »
Les Large-White plus stressé sur caillebotis
Le génotype va également influence le niveau de sécrétion de cortisol salivaire une semaine avant l’abattage : « la bibliographie stipule que les races à forte adiposité (donc rustiques) présentent souvent une activité accrue de l’axe corticotrope. Dans cette étude, nous obtenons le résultat inverse », soulignait Elodie Merlot : en effet, les niveaux de cortisol salivaire sont plus élevés chez les Large-White que chez les Basque.
« Ceci résulte probablement d’un biais expérimental. » En effet, les deux races ont reçu des apports alimentaires équivalents. Or, la capacité d’ingestion des Large-White est supérieure à celle des Basques, ces derniers n’ayant probablement pas été frustrés au niveau alimentaire, contrairement aux Large-White. « Cette contrainte pourrait avoir généré un stress important, qui se traduit au niveau du cortisol salivaire. »
Les porcs sur caillebotis présentaient une proportion de lymphocytes et de granulocytes accrue, deux indicateurs marqueurs de stress. « Les Large-White ont donc probablement perçu l’environnement sur caillebotis de façon plus négative que celui avec litière et courette. » D’autant que chez les Basques, les ratios de lymphocytes et de granulocytes n’étaient pas affectés par le logement.
Rien pour pallier la frustration
Enfin, une dernière interaction race/logement a été mise en évidence pour les ulcères : en effet, les Large-White sur caillebotis présentaient des scores d’ulcères bien plus élevés que les Basques, les Large-White sur litière se situant à un niveau intermédiaire.
« Ces résultats pourraient s’expliquer par le fait que la restriction alimentaire des Large-White en fin d’engraissement aurait généré un stress encore plus marqué sur caillebotis, en raison de l’absence de substrat pour pallier la frustration alimentaire. »
Plusieurs critères
Cette étude montre que la réponse des porcs à un environnement donné dépend fortement de leur génotype. La race Large-White semble plus sensible que la race Basque, plus rustique à des variations environnementales tel que le mode de logement.
L’étude souligne, par ailleurs, l’intérêt d’utiliser des critères biologiques variés pour préciser l’influence du mode de logement : en effet, selon le génotype considéré, l’effet environnemental ne s’exprime pas au niveau des mêmes variables.
Pour aller plus loin : www.ifip.asso.fr.
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